03/06/2019. Journée d’études. Bolivie 2019. Quelles perspectives de changement ?


 

Journée d’études
CREDA/IHEAL/LER-PARIS 8
Semaine de l’Amérique Latine et des Caraïbes

BOLIVIER 2019
QUELLES PERSPECTIVES DE CHANGEMENT ?

LUNDI 3 JUIN 9h00 – 19h00
INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE L’AMÉRIQUE LATINE

28, rue Saint-Guillaume - 75007 Paris
Amphithéâtre – 1er étage

Contact :
carmen.bailly@sorbonne-nouvelle.fr
 


 

DEPUIS 2006, les gouvernements successifs d’Evo Morales promeuvent un « processus de changement » de la société bolivienne. Ce processus comporte différentes dimensions, plus ou moins valorisées par l’actualité politique. L’adoption d’une nouvelle Constitution a promulgué un État plurinational reconnaissant formellement les populations dites « originaires » ; la structure de l’État a été modifiée avec la consolidation d’une administration publique destinée à inclure les secteurs sociaux qui, pendant des siècles, ont été marginalisés ou subordonnés à l’exercice des oligarchies coloniales et néocoloniales. Dans l’exercice de la politique, les formes de participation ont été renforcées, liant les organisations populaires au contrôle du parti officiel et de la structure étatique, tandis que divers niveaux d’autonomie politique étaient formellement reconnus. D’un point de vue économique, l’obtention de nouveaux revenus avec la rente des hydrocarbures a permis de soutenir la croissance du PIB et une logique de distribution a été mise en œuvre. Ce « modèle bolivien » de gestion économique est présenté comme favorable à l’émergence de nouvelles élites économiques d’origine populaire. Des politiques publiques multisectorielles sont mises en œuvre en faveur du développement productif, en matière agricole ou industrielle.
MALGRÉ ces résultats manifestes, la légitimité d’une nouvelle candidature d’Evo Morales est remise en question, et pas seulement pour les raisons liées à l’alternance constitutionnelle ou au résultat du référendum du 21 février 2017. De nombreux observateurs montrent qu’en dépit des promesses de nouvelles pratiques politiques, les logiques clientélistes, qui caractérisaient l’exercice du pouvoir antérieur, n’ont pas disparu ; les grands secteurs bancaires ont maintenu leur influence et le secteur de la construction a augmenté ses investissements dans des espaces urbains échappant encore à tout contrôle public ; le soutien aux petits producteurs et aux formes d’auto- organisation de l’économie, solidaire ou communautaire, apparaissent encore embryonnaires tandis que la part de l’économie dite « informelle », et donc des formes d’exploitation de la main-d’œuvre familiale, ne semble pas avoir diminué.
CETTE JOURNÉE d’étude n’a pas pour objectif de faire un bilan du « processus de changement ». Elle vise, de façon à la fois plus modeste et plus ambitieuse scientifiquement, à croiser des regards inédits, fondés empiriquement, sur certaines dimensions généralement moins étudiées de la politique bolivienne. Il s’agira notamment d’interroger les transformations des rapports sociaux et des styles de vie, qu’il s’agisse de rapports de sexe, des effets de l’amélioration éventuelle des conditions d’éducation, de consolidation d’une « nouvelle classe moyenne » bénéficiant à la fois de l’abandon de la subordination instituée des secteurs populaires et de l’accès à un style de vie caractéristique des « sociétés de consommation » à l’occidentale. Il s’agira aussi de revenir sur les relations entre organisations sociales, parti de gouvernement et structure étatique, et d’analyser leurs effets sur les pratiques politiques, sur la configuration des élites du pouvoir et sur la répartition des dépenses publiques. A travers la diversité des relations d’enquête, ce seront à la fois les réalisations et les difficultés du « processus de changement » qui seront ainsi questionnées.