III. Axe Créations et Transferts


III. Axe Créations et Transferts

 

I Les deux projets portés par Julio PREMAT et Pascale THIBAUDEAU dans le précédent quinquennat (« Historicités littéraires et imaginaires temporels dans les littératures latino-américaines » et « L’œuvre hantée ou les figures de l’absence ») seront à la fois prolongés et réorientés à la lueur du projet européen auquel nous candidatons sous la responsabilité de Julio PREMAT : Public Humanities in the Digital environment (PHinDe).

Présentation

Le projet PHinDe vise à étudier les stratégies par lesquelles des recherches et des projets récents diffusent la connaissance des sciences humaines dans la sphère publique et se transforment en actions, en initiatives académiques et en modes concrets d’intervention civique. Plus précisément, nous proposons d’explorer comment la numérisation du monde, qui a encouragé les prédictions d’une crise définitive des sciences humaines en tant que champ de réflexion et d’intervention, a néanmoins constitué une opportunité pour un nouvel épanouissement. Par exemple, les innovations dans les médias numériques ont permis aux chercheurs et chercheuses et à différents groupes de la société civile de construire plus facilement des réseaux de réflexion et d’action, de créer des espaces de mémoire et de préservation du patrimoine, et des environnements de savoirs moins verticaux et plus larges.

Le projet se pose comme objectif l’étude de ces nouveaux usages et modes de circulation des connaissances humanistes dans les espaces académiques et non-académiques émergents (en particulier dans les actions promues par les collectifs de migrant·e·s et de personnes handicapées, et par divers types d’activisme citoyen). En ce sens, nous nous proposons d’analyser ces expériences afin de réfléchir théoriquement et méthodologiquement à la condition actuelle des sciences humaines. Dans un sens plus pratique, le projet vise à systématiser et à concevoir des stratégies d’intervention dans la sphère publique : construire et préserver des mémoires orales, écrites ou visuelles ; créer et organiser des archives et des patrimoines culturels ; étudier et développer le potentiel des Humanités Numériques, parmi bien d’autres aspects.

Cela implique un certain nombre d’objectifs spécifiques :

  • Étudier l’impact de la numérisation croissante sur l’épistémologie, les méthodes et les pratiques des connaissances et des disciplines des sciences humaines.
  • Étudier les contributions des sciences humaines à la démocratie (politique et symbolique) et aux processus de participation citoyenne dans des contextes fortement numérisés.
  • Étudier les modes d’intervention dans la sphère publique des communautés subalternisées (migrant·e·s, dissidences sexuelles, féminismes, groupes de défense des droits humains), en mettant l’accent sur l’utilisation des nouveaux outils numériques et des savoirs des sciences humaines.
  • Recueillir et évaluer les contributions du paradigme des Humanités Publiques.
  • Recueillir et évaluer les contributions du paradigme des Humanités numériques.
  • Évaluer si les sciences humaines peuvent fonctionner comme un horizon de contrôle et d’évaluation des décisions technocratiques qui affectent notre vie commune.

Institutions participantes

  • Universita degli Studi Roma Tre
  • Universitat de Valencia
  • Universidad Nacional de Tres de Febrero
  • Univezita Palackeho V Olomouci
  • Universidade Federal Fluminense
  • Universidad Autónoma de México
  • Universidad Adolfo Ibañez
  • Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis
  • Stiftung Preussischer Kulturbesitz

Dans ce cadre, nous nous proposons de réfléchir, au sein de l’axe 3, aux Enjeux de la création littéraire et artistique à l’ère digitale.

Il s’agira de s’interroger sur les conditions contemporaines de production et de circulation de la littérature contemporaine et des arts visuels, dans une période de diffusion de l’outil digital et de transformation constante des techniques d’écriture et de création. Cette perspective permettra d’évaluer la dimension imaginaire qui entoure ce phénomène, les stratégies d’appropriation de la part des auteurs et autrices, les thématisations de la technologie, ainsi qu’un type de relation avec une tradition faite de science fiction et de fascination trouble pour les machines.

Nous avons identifié des lignes d’étude possibles :

  • Ecriture digitale/ écriture analogique
  • Histoire du futur : les préfigurations littéraires (science-fiction, fantastique) de la nouveauté. Comment penser, représenter ce qui est par définition insolite ?
  • Dystopies et utopies technologiques : la question de l’avenir.
  • Marques d’internet et du monde digital dans la littérature qui, apparemment, tourne le dos à ce phénomène. En quoi et pourquoi la littérature – toute la littérature – a été changée par internet et par la technologie ?
    • utilisation de l’écriture sms/ Messenger dans le roman et la poésie
  • Hybridation littérature/digital, images analogiques/ images numériques
    • vidéopoèmes, création digitale de fausses archives, postphotographie
  • Question de l’auctorialité dans l’appropriation, la resignification et la circulation algorithmique des textes et des images

II Le projet mené par Camillo FAVERZANI autour de l’opéra en collaboration avec l’ENS se poursuivra pendant le prochain quinquennat avec la publication des séminaires consacrés aux adaptations opératiques d’après Carlo Gozzi. 2 journées d’études seront consacrées aux "Écrivains mélomanes" en collaboration avec l’ENS et l’Université de Chieti. En 2025-2026 s’ouvrira un nouveau cycle de séminaires consacrés au repas (banquets et symposia) dans l’opéra. Le programme se conclura par la publication du volume correspondant en 2027.

En parallèle, et en synergie avec l’axe transversal sur la traduction, commencera un chantier sur la traduction des livrets d’opéra.

III Un nouveau projet, Défricher le terrain : imaginaires de la territorialisation des savoirs, mené par Sebastián GARCÍA s’intéressera aux discours contemporains sur les savoirs. Emaillés de métaphores lexicalisées, ils font écho à différentes modalités historiques d’« investissement territorial » et dessinent un imaginaire de la recherche scientifique relevant de la territorialisation, l’extractivisme et le productivisme (comme le démontre le présent dossier d’auto-évaluation) : explorer un domaine, fonder une discipline, défricher le champ, poser des jalons, bâtir une théorie, échafauder une hypothèse, étayer une affirmation, trouver un terrain, ouvrir un chantier, creuser une question, l’épuiser, trouver des sources, exploiter des données, ajouter une pierre à l’édifice, et même, dans le sens contraire, « déconstruire ». Il s’agit là d’un réseau métaphorique attesté, avec une fréquence et une abondance variables, dans différentes langues européennes. C’est le cas, par exemple, en espagnol (sentar las bases, constituir un hito, un andamiaje conceptual, un padre fundador…) ou en anglais (to pave the way, to stake out new ground, a landmark essai, a groundbreaking text). Dans une perspective diachronique, comparatiste et davantage archéologique qu’historique, ce chantier vise retracer l’origine de ces métaphores, ainsi que leur circulation et leurs mutations entre différentes langues, époques, discours et savoirs.

Le projet EXPEDIAS mené en collaboration avec l’axe 1 sera poursuivi (voir plus haut).

Nous poursuivrons également le développement de la recherche-création avec la suite du projet « Franchises Postales » (dans le cadre de CAREXIL-FR), ainsi qu’un projet de documentaire « Paroles de migrants », associant le projet PHinDe et la thématique fédérative Exils et Migrations.