I. Axe Temporalités et mutations du politique


I. Axe Temporalités et mutations du politique

 

Les collègues de l’axe ont en commun de travailler sur des discours et pratiques dans une perspective historiciste et en portant une attention spécifique aux catégories de l’écriture et des représentations du politique et du culturel. Animés par une logique de longue durée et une attention particulière aux distinctions entre les espaces de déploiement des discours et des pratiques, dans un souci de mener une recherche transnationale et interdisciplinaire, les collègues concerné·e·s mobilisent les savoirs spécifiques qui sont les leurs dans le domaine des histoires politiques et culturelles « nationales » pour étudier et mesurer les effets des déplacements et circulations de textes, pratiques et personnes.

Le prochain quinquennat verra la clôture progressive du programme « Renaissances : histoires et usages d’une catégorie historiographique », piloté par Jean-Louis FOURNEL. Le site de ce programme de recherche sera maintenu et alimenté par des initiatives ponctuelles, notamment liées aux études lexicales sur la période considérée. Le programme de recherches sur l’histoire de la traduction à la Renaissance (« Traduire à la Renaissance »), en collaboration avec l’Université de Padoue, se continuera avec la publication chez Droz des travaux du colloque de Padoue, organisé en 2022, et d’un volume collectif aux presses de l’AMU (Question de la langue et traduction). Une extension éventuelle de ce programme de recherches est envisagée vers l’Université de Grenade (Espagne).

L’histoire et la mémoire des conflits, dictatures et totalitarisme resteront au centre des recherches de l’axe.

Le prolongement et l’élargissement thématique du projet CAREXIL-FR, piloté par Marta LÓPEZ IZQUIERDO et Mercedes YUSTA RODRIGO va s’articuler à partir du pré-projet ANR piloté par l’Université Paris 8 (avec la participation de 8 institutions, dont 4 universités étrangères) avec l’acronyme REFEHUMAN (« Réseaux féminins européens, action humanitaire et antifascisme, 1936-1945 »), déposé en réponse à l’appel à projet 2024. Son objectif est d’étudier les réseaux féminins transnationaux (notamment espagnols, français et britanniques) à l’œuvre dans l’aide aux réfugié·e·s espagnol·e·s dans le cadre de la guerre civile espagnole et de l’exil républicain en France, en explorant aussi les confluences avec d’autres populations réfugiées, en particulier juives. Il s’agit de proposer un nouveau récit de ces conflits en déplaçant la focale sur l’activité féminine et sur la convergence entre antifascisme et aide humanitaire. Un deuxième programme de recherche portera sur la politisation féminine espagnole au XXe siècle et les rapports entre discours et mobilisations, avec un projet de monographie (publication prévue chez AKAL) et l’inscription en 2023 de la thèse de Marina Zamora, « Conciencia femenina y acción colectiva en la Andalucía contemporánea (1868-1939) », en cotutelle avec l’Université de Cordoue.

S’inscrivant dans la lignée de nombreux travaux du LER, le projet « Mémoire et violence dans les mondes hispaniques », copiloté par Alicia FERNANDEZ GARCIA et Antonio RAMOS RAMIREZ en collaboration avec José Ramos Barranco (Université Gustave Eiffel), va renforcer les liens avec l’alliance européenne ERUA, à travers une étroite association avec Juan Manuel Santana, PR en Histoire à l’Universidad de Las Palmas de Gran Canaria. Une journée d’études internationale en mars 2024, un colloque international et une publication collective sont envisagés lors du prochain quinquennat. Le projet a également pour objectif, à partir du premier réseau informel existant, de créer un Groupe d’Intérêt Scientifique.

Le projet de recherche « Circulations latines de la notion de totalitarisme (1990-2025) », piloté par Xavier TABET portera sur différentes lignes de réflexion : usage(s) de la notion de totalitarisme en Europe, à partir des années 1990, lorsque la notion est désormais bien acceptée par les historien·ne·s (après les ostracismes des historiens marxistes), mais est également objet d’usages politiques importants, en particulier à droite, dès lors que l’on tente de substituer l’antitotalitarisme à l’antifascisme ; circulation et traduction en Europe de certains grands auteurs de la pensée politique, en tentant de comprendre les temporalités et les modalités de leur circulation ; le révisionnisme dans les années 1990 et 2000 (porté souvent par un type d’historiens non académiques) et celui actuel de la « public history », qui entend se démarquer de l’historiographie académique. Ce projet va se matérialiser dans l’organisation de plusieurs manifestations scientifiques co-organisés avec d’autres universités européennes : colloque sur la question de la culture politique en Italie, de 1945 à 1989, avec l’Université de Milan, colloque sur les usages de la notion de totalitarisme en Europe, avec Sorbonne Université, Université d’Angers et l’Université de Turin, colloque sur certaines grandes figures de journalistes-historiens de l’après-guerre, avec les Universités de Bordeaux, Milan, Turin, Venise, séminaire Paris 8/ Sorbonne Nouvelle sur le thème « Raconter les Italiens, XIXe-XXe entre littérature et histoire ».

Le projet FORCED sera poursuivi dans un cadre chronologique élargi et sera rattaché à la thématique fédérative « Exils et migrations » (voir plus loin).

Dans les recherches sur l’Amérique latine, on mènera un travail de consolidation et d’élargissement du Séminaire interuniversitaire ALEA(1) et du réseau international « Connexion(s). Circulations, sensibilités, espaces et temps sociaux. Europe-Amérique latine (XIX°-XXI° siècles) » - https://connexions-ameriques-europe.huma-num.fr/ - à partir de trois problématiques principales : Transferts, circulations et transnationalité ; Migrations et sensibilités (en lien avec la thématique fédérative) ; Espace(s), histoire et mémoire(s). Grâce aux échanges qui ont eu lieu au sein du réseau, nous avons pu signer en janvier 2024 une convention avec l’Université Automne de Querétaro. La signature de deux nouvelles conventions, avec la Pontificia Universidad Católica del Perú et l’Universidad de Santiago de Chili, est prévue lors du prochain quinquennal. Depuis l’année 2023-2024, nous organisons le Séminaire de recherche Études latino-américanistes conçu comme un espace de partage des nouvelles recherches -invitation de jeunes docteur.e.s et mise en relation avec la revue RITA (Revue Interdisciplinaire de Travaux sur les Amériques)- qui ont lieu au sein du latino-américanisme français.

Le programme EXPEDIAS, piloté par Brice CHAMOULEAU et Pascale THIBAUDEAU, va se poursuivre lors du prochain quinquennat, avec la publication des résultats de nos activités de recherche réalisées ou en cours. Outre différents ateliers-rencontres s’est tenu, en avril 2024, le colloque international « Presentismo y giro afectivo », visant à saisir les rapports que le présentisme établit, en Espagne, avec un régime émotionnel qui affecte la qualité des débats démocratiques actuels, qui font exister le passé dictatorial et la Transition démocratique espagnols à la lumière des formes nouvelles de l’extrême droite. En juillet 2025, un colloque de 6 jours à Cerisy, « Le présentisme en Espagne » permettra de faire un bilan circonstancié des travaux effectués et d’engager de nouveaux chantiers grâce aux ateliers prévus pour favoriser la réflexion collective.

Un nouveau projet de recherche, sous le pilotage de Enrique FERNANDEZ DOMINGO, va porter sur « Le voyage » défini en tant qu’expérience - directe ou par média interposé - du déplacement dans l’espace et le temps, structurée à partir d’un ensemble de discours et de pratiques. Le projet propose de développer un dialogue entre les différents axes du laboratoire autour de la question : le voyage renferme-t-il une valeur unique qui traverserait les différents temps historiques et espaces culturels étudiés ? Cette circulation va être organisée à partir de trois lignes de recherche : les récits des voyageurs ; les interactions entre la société d’accueil et celle du voyageur ; les discours, les pratiques et les représentations autour du voyage. Il est envisagé de présenter des dossiers ECOS-Nord et ECOS-Sud en vue de faire financer le programme de recherche.

(1) Le Séminaire interuniversitaire ALEA qui rassemble trois équipes spécialistes de l’Amérique latine contemporaine (GRECUN, CRIIA - UR Etudes Romanes, Université Paris Nanterre ; LER, Université Paris 8 ; CRIMIC, Sorbonne Université) et est un espace de réflexion commun pour échanger et débattre autour de leurs travaux sur les mondes latino-américains, dans le cadre des espaces atlantiques et l’histoire comparée.